Immobilier dans la Province d’Alicante
En se promenant sur l’esplanade d’Espagne ou sur le port d’Alicante, tout semble paisible. Les terrasses affichent complet, les bateaux de plaisance se balancent doucement, les grues dessinent une nouvelle skyline. Pourtant, derrière cette ambiance de vacances permanentes, une autre réalité se confirme jour après jour : sur la Costa Blanca, l’immobilier grimpe si vite que le rêve méditerranéen devient de plus en plus difficile à suivre pour les habitants à l’année.
Dans la province d’Alicante, les prix de vente n’ont jamais été aussi élevés. Selon les statistiques les plus récentes, le prix moyen au mètre carré dépasse désormais largement mille sept cents euros dans la province et franchit les deux mille quatre cents euros dans la capitale, avec des hausses à deux chiffres en un an.Dans certains quartiers recherchés, le niveau de prix qui semblait haut il y a quelques années est devenu le nouveau point de départ des négociations.
Sur le littoral, la tension est encore plus visible. À Benidorm, Calp, Altea ou Jávea, le mètre carré sur les zones les plus prisées de la Costa Blanca se paie comme un produit de luxe. Les vues dégagées sur la mer, la proximité immédiate de la plage, la résidence avec piscine et jardin, le parking souterrain ou la sécurité vingt-quatre heures sur vingt-quatre font monter l’addition. Dans plusieurs communes côtières, les maisons et appartements de seconde main dépassent désormais les trois mille voire quatre mille euros le mètre carré dans les emplacements les plus recherchés.
La première explication tient à la demande étrangère, devenue le moteur du marché immobilier à Alicante. D’une année sur l’autre, entre un tiers et près de la moitié des transactions sont réalisées par des non-résidents venus d’autres pays européens.( Britanniques, Néerlandais, Belges, Français, Scandinaves ou Allemands recherchent un climat doux, une bonne connectivité aérienne, des services de santé solides et un coût de la vie encore compétitif. Pour beaucoup, acheter un appartement à Alicante, une villa avec piscine dans l’arrière-pays ou une maison de ville rénovée reste moins cher que dans leur région d’origine.
Depuis la montée du télétravail, cette clientèle ne se contente plus de venir quelques semaines par an. Une partie vit désormais plusieurs mois sur la Costa Blanca, voire toute l’année, transformant la résidence secondaire en véritable base principale au soleil. Dans ce contexte, l’immobilier apparaît comme un placement jugé sûr : la location touristique, la location de moyenne durée et la demande de retraités européens assurent un flux quasi continu de candidats. Les biens bien situés, rénovés, avec extérieur et bonne efficacité énergétique se vendent très vite, parfois au-dessus du prix affiché dès qu’ils cochent toutes les cases.
Pour les habitants locaux, l’histoire est moins idyllique. Les salaires dans la province n’ont pas suivi la même courbe que les prix de l’immobilier. Un couple qui travaille dans le tourisme, la restauration, le commerce ou les services voit le rêve d’acheter un trois pièces à Alicante s’éloigner. Là où un appartement de trois chambres pouvait encore se trouver autour de cent vingt mille euros il y a quelques années, il faut aujourd’hui accepter des prix bien plus élevés pour un logement récent et bien situé, surtout près de la mer ou du tram. Les loyers ont emboîté le pas, avec des niveaux qui se rapprochent de plus en plus des mensualités d’un crédit.
Longtemps, l’arrière-pays était perçu comme la solution pour se loger à un coût raisonnable. Des villages de l’Alcantí, de la Marina Alta intérieure ou du Vinalopó offraient encore des maisons de village avec terrasse, patios et petites parcelles pour un budget accessible aux familles locales. Mais ces refuges deviennent à leur tour des marchés convoités. Les acheteurs étrangers y voient le compromis idéal : calme, authenticité, maison plus grande et prix encore inférieurs à ceux de la côte, tout en restant à moins d’une heure de route de la mer. Résultat, les habitants d’origine se retrouvent en concurrence directe, et les hausses gagnent des zones autrefois considérées comme abordables.
Les pouvoirs publics ont commencé à réagir, notamment sur le terrain très sensible des locations touristiques. Depuis deux mille vingt-quatre, un nouveau cadre réglementaire en Communauté valencienne encadre plus strictement les logements à usage touristique, avec des conditions d’enregistrement renforcées, un contrôle du respect de l’urbanisme local, des limitations de durée de séjour et des règles plus strictes pour l’exploitation professionnelle. L’objectif affiché est de mieux équilibrer l’activité touristique et le droit au logement des résidents. Mais, pour l’heure, ces mesures n’ont pas suffi à faire redescendre les prix.
Pour les lecteurs francophones de TopInfoAlicante qui envisagent d’acheter sur la Costa Blanca, le message est double. D’un côté, l’immobilier à Alicante apparaît comme un marché solide et dynamique, soutenu par une attractivité internationale qui ne se dément pas. De l’autre, il devient indispensable de préparer son projet avec une vraie stratégie : étudier le quartier, vérifier les transports, la proximité des services, la qualité de la construction, les charges de copropriété, la fiscalité locale et les règles spécifiques en matière de location touristique. Un appartement ancien dans le centre ville, une maison mitoyenne dans un lotissement près des plages ou une finca rénovée dans l’arrière-pays n’offrent ni la même ambiance ni le même potentiel de revente.
Reste une question plus intime, qui dépasse les chiffres des statistiques. Dans dix ou quinze ans, les enfants des familles qui vivent aujourd’hui à Alicante pourront-ils se loger près de leurs parents ou devront-ils s’éloigner vers des zones moins chères de la province, voire changer de région Sur la Costa Blanca, comme dans d’autres régions d’Europe, l’immobilier est devenu un révélateur des choix de société à venir. Entre attractivité internationale, investissement touristique et droit au logement, la manière dont Alicante répondra à ces défis dira beaucoup sur son futur. Et sur la possibilité, pour ceux qui y sont nés, de continuer à profiter du soleil chez eux.
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