Tabarca, le petit bout de Méditerranée qui fait rêver les visiteurs d’Alicante
Au large d’Alicante, quand le bateau quitte le port et que la ville rétrécit sur l’horizon, une bande de maisons blanches se détache sur le bleu intense de la mer. C’est Tabarca, unique île habitée de la Communauté valencienne, petit confetti de roche et de lumière posé à une douzaine de milles nautiques de la côte. Longue d’à peine 1 800 mètres et large de 400, elle se parcourt en quelques pas, mais se raconte en mille images.
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Vue du large, Tabarca ressemble à un village sorti d’un roman maritime : un port de pêche, un noyau urbain fortifié, une église qui domine les rochers et une grande plage qui invite à la baignade. Pourtant, sous cette allure de carte postale, l’île porte une histoire bien plus mouvementée, faite de pirates, de soldats et de familles venues de loin.
Autrefois refuge de pirates barbaresques, ses criques servaient de base à des attaques contre les navires marchands et les villages côtiers. Pour reprendre le contrôle de ce point stratégique, la Couronne espagnole décide au XVIIIᵉ siècle de fortifier l’île et d’y fonder un petit village. On y installe alors des familles de pêcheurs originaires de Gênes, déplacées depuis une autre Tabarka, située au large de la Tunisie. C’est de là que l’île tire son nom et une partie de son identité méditerranéenne si particulière.
Aujourd’hui encore, les remparts ceinturant le village rappellent cette époque. En entrant par l’une des portes monumentales, le visiteur découvre un tracé urbain très régulier, des ruelles pavées, des maisons basses aux façades claires et une église qui semble veiller sur le port. Le tout dans une atmosphère simple, sans décors artificiels, où la vie continue tranquillement au rythme des arrivées et des départs de bateaux.
Venir à Tabarca depuis Alicante est une excursion très accessible. Des bateaux touristiques effectuent la traversée en environ une heure, avec une fréquence qui varie selon la saison. Depuis Santa Pola, plus proche, la liaison est encore plus rapide. Beaucoup de visiteurs choisissent de consacrer une journée complète à cette escapade en mer, idéale pour varier les plaisirs entre plage, balade et découverte.
Une fois débarqué, le programme d’une journée sur l’île s’organise très naturellement. La grande plage, à quelques pas du port, est souvent la première étape. Ses eaux transparentes, protégées par la réserve marine, sont parfaites pour la baignade et le snorkeling. Un simple masque et un tuba permettent d’observer poissons, rochers et herbiers de posidonie dans une eau d’une clarté remarquable. Les amateurs de calme pourront, en s’éloignant du cœur du village, trouver de petites criques plus discrètes, idéales pour étendre sa serviette et écouter le bruit de la mer.
La promenade dans le village est l’autre grand plaisir de Tabarca. On pénètre dans la zone fortifiée, on laisse derrière soi le bruit du port et des terrasses, et on se retrouve dans un labyrinthe de ruelles blanches, parfois fleuries de bougainvilliers. L’église San Pedro y San Pablo, solide bâtiment de pierre tournée vers la mer, mérite un détour. En poursuivant vers l’intérieur de l’île, on change complètement d’ambiance : paysages plus secs, sentiers qui mènent vers le phare et vues panoramiques sur la Méditerranée.
Impossible de parler de Tabarca sans évoquer sa cuisine. La spécialité locale, le fameux caldero, est un plat de poisson servi dans une grande marmite, accompagné de riz. C’est le repas idéal après une matinée de baignade. Les restaurants alignés près du port et dans le village proposent en général une cuisine familiale, généreuse, où la pêche du jour occupe une place de choix. Fritures de poissons, poulpe, riz mariniers et desserts maison complètent les cartes. En haute saison, mieux vaut arriver tôt pour choisir sa table et profiter d’une terrasse avec vue sur la mer.
Si la plupart des visiteurs repartent en fin d’après-midi, ceux qui décident de rester dormir découvrent une autre facette de l’île. Quand le dernier bateau s’éloigne, Tabarca retrouve son rythme insulaire. Les ruelles se vident peu à peu, les lumières du continent scintillent au loin et l’on peut se promener sur les remparts presque seul, avec pour unique bruit celui des vagues. Le lendemain matin, la baignade au lever du soleil, quand l’eau est encore calme et la plage désertée, devient un privilège rare sur la Costa Blanca.
Pour profiter pleinement de l’île, quelques précautions simples s’imposent. Le soleil est très fort en été et l’ombre hors du village assez limitée. Il est conseillé d’apporter chapeau, lunettes, crème solaire et beaucoup d’eau. Les chaussures d’eau sont très utiles pour marcher sur les rochers et entrer dans les criques. Enfin, pour préserver ce milieu précieux, il est essentiel de ne rien laisser derrière soi, de respecter les zones de baignade et d’éviter de piétiner les herbiers de posidonie, véritables poumons de la Méditerranée.
Dans le paysage touristique d’Alicante, Tabarca occupe une place à part. Facile d’accès, elle offre pourtant une véritable sensation de dépaysement. On y retrouve l’essence de la Méditerranée espagnole : la lumière, la mer, une histoire riche et une cuisine simple mais savoureuse. Pour les vacanciers et les séjournants de la province d’Alicante, c’est une excursion qui combine parfaitement découverte, détente et authenticité, tout en restant à portée de bateau depuis la côte.
