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Tabarca, à partir de 5 euros !

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Quand la traversée vers Tabarca prend des airs de marché animé

 

À Santa Pola, charmante ville côtière de la province d’Alicante, l’ambiance du port est tout sauf ordinaire. Ici, prendre un bateau pour l’île de Tabarca ne se résume pas à acheter un billet tranquillement à un guichet : c’est une véritable scène vivante, où les cris, les affiches promotionnelles et la concurrence acharnée des compagnies maritimes créent un spectacle digne d’un marché méditerranéen.

Cette atmosphère si particulière a récemment attiré l’attention des médias nationaux, notamment grâce à une vidéo virale montrant les employées des compagnies — les fameuses tabarqueras — rivalisant d’énergie pour séduire les passants. Promettant une traversée à seulement 5 euros, elles font de leur voix l’arme principale pour capter l’attention. Entre tradition commerciale, rivalité historique et projet urbain inachevé, le port de Santa Pola vit au rythme de cette compétition qui ne semble pas près de s’éteindre.

 

1. Tabarca, un joyau méditerranéen à portée de main

Située à environ 8 kilomètres de la côte, l’île de Tabarca est une destination incontournable pour les visiteurs de la Costa Blanca. Ce petit bout de terre, unique île habitée de la région, séduit par ses eaux turquoise, ses ruelles pittoresques et son atmosphère paisible hors saison.

Pourtant, la tranquillité de l’île contraste fortement avec l’animation du port de départ. Chaque été, des milliers de touristes — espagnols comme étrangers — se pressent pour embarquer à bord des navettes qui assurent la liaison quotidienne. Cette forte affluence, concentrée sur quelques mois, explique en partie la compétition féroce entre les compagnies.

L’offre est variée : traversées rapides en catamaran, bateaux à fond de verre pour admirer les fonds marins, ou encore ferries plus spacieux pour un trajet confortable. Mais quelle que soit l’option choisie, une chose est sûre : le spectacle commence bien avant d’embarquer, dès que l’on pose un pied sur le quai de Santa Pola.

 

2. La guerre des voix : une stratégie commerciale à ciel ouvert

Dès que l’on approche du port, on entend les appels retentir : « ¡A Tabarca por cinco euros! », « ¡Salida inmediata! », « ¡Últimos billetes! ». Les employées, réparties devant les cabanes colorées des compagnies, se livrent à une véritable bataille verbale pour attirer les clients.

Cette méthode, qui peut surprendre les nouveaux venus, est en réalité une tradition bien ancrée. Les anciennes racontent que, dans les années 90 et 2000, les vendeuses n’hésitaient pas à sortir sur le paseo, à distribuer des prospectus et même à accompagner physiquement les touristes jusqu’au bateau. Aujourd’hui, la pratique est plus réglementée, mais la règle implicite reste la même : celle qui ne se fait pas entendre, perd des ventes.

Pour les habitués, cette ambiance fait partie du folklore local. Certains y voient un charme méditerranéen, proche de celui des marchés en plein air, tandis que d’autres trouvent cette insistance fatigante, voire intrusive. Quoi qu’il en soit, cette concurrence vocale est devenue l’image de marque du port, au point d’être reprise sur les réseaux sociaux comme une curiosité touristique.

 

3. Deux compagnies, six guichets et un rapport de force inégal

Le marché de la liaison Santa Pola–Tabarca est dominé par deux entreprises principales. Chacune dispose de ses propres guichets et de sa flotte, mais le rapport de force est asymétrique : l’une possède quatre points de vente, l’autre seulement deux.

Cette différence se traduit par une pression commerciale accrue pour la compagnie minoritaire, qui doit redoubler d’efforts pour ne pas se laisser distancer. Les vendeuses expliquent que chaque billet vendu est une victoire, et que le rythme effréné des appels fait partie du métier. Certaines travaillent uniquement en saison, comme un job d’été pour financer leurs études, tandis que d’autres reviennent année après année, devenant de véritables figures locales.

L’absence de régulation stricte sur l’emplacement des guichets et la liberté de promotion accentuent cette rivalité. Chaque journée ensoleillée est une nouvelle manche d’une compétition sans fin, où l’enthousiasme et la voix portent autant que la rapidité du bateau.

 

4. Un projet de station maritime qui piétine

Depuis plusieurs années, un projet de station maritime est censé réorganiser et moderniser le port de Santa Pola. Cette infrastructure, approuvée par la Generalitat Valenciana, prévoit de regrouper toutes les compagnies dans un même bâtiment, à l’image des gares routières. L’objectif : offrir un meilleur confort aux voyageurs, harmoniser l’esthétique du port et améliorer les conditions de travail des employés.

Les plans incluent des zones ombragées, des espaces verts et une billetterie centralisée, ce qui mettrait fin à la compétition de rue telle qu’on la connaît aujourd’hui. Cependant, les travaux, commencés avant l’été 2023, ont été interrompus en décembre de la même année après que l’entreprise chargée du chantier a déposé un pré-concours de créanciers.

Depuis, le projet est en suspens. Les autorités cherchent à rompre le contrat et à relancer l’appel d’offres, mais la procédure administrative s’annonce longue. Pendant ce temps, le port reste dans sa configuration actuelle, avec ses cabanes colorées alignées face à la mer et ses vendeuses rivalisant de volume sonore pour capter les passants.

 

5. Entre tradition et modernisation : quel avenir pour le port ?

La question divise. D’un côté, certains commerçants et habitants estiment que la future station maritime permettra de donner une image plus moderne et ordonnée de Santa Pola, favorisant un tourisme de qualité. De l’autre, beaucoup craignent que cette uniformisation fasse disparaître le charme et la spontanéité qui font la réputation du port.

Pour les tabarqueras elles-mêmes, le changement suscite des sentiments mitigés. Une partie y voit une opportunité d’améliorer leurs conditions de travail, notamment face à la chaleur et au manque d’infrastructures. Mais d’autres redoutent que la vente centralisée réduise leurs possibilités de contact direct avec les touristes, et donc leur marge de persuasion.

En attendant que les pelleteuses reprennent du service, la vie du port continue comme si de rien n’était. Chaque matin d’été, les cris fusent, les touristes hésitent, et les billets s’échangent dans une ambiance où le commerce se mêle au spectacle.

En savoir +

 

FAQ

1. Combien coûte la traversée Santa Pola–Tabarca ?
En haute saison, certaines compagnies proposent des offres spéciales à partir de 5 €, mais les prix moyens varient entre 8 et 10 €.

2. Combien de temps dure la traversée ?
En moyenne, le trajet dure entre 20 et 30 minutes selon le type de bateau choisi.

3. Peut-on acheter les billets en ligne ?
Oui, la plupart des compagnies disposent d’un service de réservation en ligne, mais l’achat sur place reste très courant.

4. Quelle est la meilleure période pour visiter Tabarca ?
Le printemps et le début de l’automne offrent un climat agréable et moins de foule, tout en permettant de profiter des plages.

5. Le projet de station maritime va-t-il vraiment voir le jour ?
Les autorités affirment vouloir relancer les travaux, mais aucune date précise de reprise n’a été confirmée.

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