Fêtes de villages en août dans la province d’Alicante : traditions, feu et nuits folles
Août, en Espagne, c’est bien plus qu’un mois d’été. C’est une saison à part entière, un théâtre vivant de traditions, de dévotions, de délires collectifs. Et dans la province d’Alicante, chaque village, même le plus discret, semble entrer en transe festive. Loin des plages bondées, ces fêtes populaires, parfois séculaires, transforment les ruelles en scènes joyeusement imprévisibles. Et bonne nouvelle : vous êtes les bienvenus.
Tout commence souvent avec un pétard. Puis un autre. Et encore un. Les cohetes, ces fusées bruyantes qui explosent dès le matin, donnent le ton. À Villajoyosa, les canons font carrément trembler les vitres : ici, on rejoue chaque année la célèbre desembarco moro, débarquement spectaculaire des pirates maures sur la plage, en tenue d’époque, sabres à la main, poudre noire dans l’air. La reconstitution historique, digne d’un film, se déroule à l’aube, devant des centaines de spectateurs à moitié réveillés mais bouche bée.
À Elche, on entre dans une autre dimension avec la Nit de l’Albà, le 13 août. Dès 23 h, des milliers de feux d’artifice sont tirés depuis les toits des maisons, par les habitants eux-mêmes. Résultat : un ciel en feu pendant une heure, dans un vacarme étourdissant. Et à minuit pile, une explosion blanche – la fameuse palmera – illumine la ville entière. Juste après, les cloches sonnent, et les Elchinos entonnent l’hymne local, souvent les larmes aux yeux. Impossible d’y assister sans frissonner.
Plus au nord, à Cocentaina ou à Biar, les Moros y Cristianos prennent une tournure presque théâtrale. Défilés en costumes brodés, chevaux caparaçonnés, fanfares tonitruantes : c’est un carnaval historique, mais en plein été, avec une ferveur qui dépasse l’imagination. On peut y croiser un roi maure à plumes d’autruche, un enfant déguisé en templier, ou un vieil homme dansant sous un casque de métal. Et entre deux cortèges ? On boit, on chante, on mange de la coca de mollitas à pleines dents.
À Xixona, c’est plus sucré : la fête est dédiée au turrón, et les stands regorgent de douceurs aux amandes. À Sax, c’est la Fiesta del Mediodía qui surprend : à midi pile, chaque jour, pendant une semaine, les rues se transforment en piste de danse géante. DJs, jets d’eau, mousse et bières volantes : de quoi réveiller même les plus timides.
Mais toutes les fêtes ne sont pas déchaînées. Certaines, comme celles de Teulada ou d’Alcalalí, jouent la carte de la tradition rurale. Messe en plein air, danses folkloriques, concours de paella entre voisins. L’ambiance y est familiale, sincère, intergénérationnelle. Les enfants courent, les anciens commentent les feux d’artifice avec un air expert, et les touristes sont souvent invités à partager une assiette ou un verre.
Il y a aussi, bien sûr, les correfocs, ces spectacles de feu nocturnes où des diables masqués courent dans les rues en lançant des étincelles sur le public. On y rit, on y crie, on s’y abrite sous un vieux chapeau ou un t-shirt levé à la hâte. Ce n’est pas dangereux, mais c’est intense. Et magique.
Pour vivre ces fêtes, pas besoin de planification excessive. Il suffit de se renseigner au dernier moment dans l’office de tourisme du coin, ou de suivre les sons des tambours au loin. On vous dira : va ce soir à Pego, ou à Onil, tu verras. Et vous verrez.
Le plus beau dans tout ça ? C’est que ces fêtes sont encore profondément vivantes. Pas des attractions pour touristes, mais des moments sincères, vécus par les habitants avec fierté, émotion et humour. Y assister, c’est plonger dans le vrai cœur espagnol : celui qui bat fort, qui aime la musique, la mémoire, les rencontres, et les nuits qui finissent tard.
Alors si vous êtes en vacances en août dans la province d’Alicante, oubliez un soir le restaurant de bord de mer ou la série Netflix. Louez une voiture, prenez une route de campagne, et laissez-vous porter par les lumières, les sons, les odeurs d’encaustique et de churros. Une fête de village vous attend quelque part. Et elle n’a besoin de rien d’autre que votre présence.