Industrie d’Alicante
La province d’Alicante n’est pas qu’une destination balnéaire prisée. Elle est également un territoire industriel avec une histoire forte : chaussures à Elche, jouets à Ibi ou Onil, textile encore présent dans l’arrière-pays. Aujourd’hui, ces secteurs traditionnels sont à un tournant : entre internationalisation, digitalisation, concurrence renforcée, ils cherchent à se réinventer. L’enjeu est de taille : maintenir des emplois, attirer des talents, et s’intégrer aux filières technologiques émergentes. Voici un tour d’horizon journalistique, convivial et optimisé pour les lecteurs francophones intéressés par la vie économique locale.
Une base industrielle solide qui fait encore la fierté d’Alicante
La province d’Alicante reste un acteur notable de l’exportation manufacturière. Les dernières statistiques montrent que les exportations ont dépassé les 4 900 millions d’euros sur les huit premiers mois de l’année, marquant une croissance de 6 % sur la même période l’an dernier. Dans cette dynamique, les « manufactures de consommation », où figure la chaussure, ont représenté environ 28,8 % des exportations de la province, soit 1 361 millions d’euros.
De la chaussure aux jouets en passant par le high-tech, la mutation est en marche
Le secteur de la chaussure est emblématique : il couvre presque 94 % des exportations valenciennes de chaussures, et la province d’Alicante concentre ce noyau dur. Malgré les vents contraires (archels ou coûts de production en hausse), cette industrie reste un pilier.
Du côté du jouet, l’arrière-pays alicantin conserve des clusters historiques à Ibi ou Onil, où se fabriquaient poupées, véhicules miniatures ou articles de puériculture. Ces entreprises sont aujourd’hui confrontées à la globalisation, à la baisse de la natalité en Europe, à l’essor du numérique mais certaines ont entamé leur virage technologique (innovation, produits connectés). Le textile, quant à lui, est un peu plus discret désormais, mais reste présent dans certaines zones industrielles comme Banyeres de Mariola ou Ibi.
Les défis du moment : concurrence et digitalisation
Malgré ce socle solide, plusieurs défis se font jour et appellent à une transformation profonde. Pour la chaussure, l’un des dossiers épineux est celui des archels : par exemple, un archel de 10 % imposé sur les exportations vers les États-Unis se traduit par un surcoût estimé à 250 000 euros pour certaines entreprises alicantines. Cela affecte directement la compétitivité de la filière et impose soit une hausse des prix, soit une compression des marges.
Par ailleurs, les exportations de chaussures espagnoles ont connu une baisse en valeur et en volume (-14 % en valeur pour le secteur en 2024) dans un contexte de hausse des coûts et de logistique complexe.
Pour le jouet, l’enjeu est double : d’un côté, maintenir les savoir-faire artisanaux et industriels, de l’autre, investir dans l’innovation : produits éducatifs, connectés, respectueux de l’environnement. La relève dépend en grande partie du niveau de qualification des personnels et des investissements en R&D.
Synergies possible entre tradition industrielle et high-tech
Ce qui rend la situation de la province d’Alicante particulièrement intéressante, c’est la capacité de ses secteurs traditionnels à s’ouvrir à la technologie et à l’innovation. Quelques exemples concrets :
- Dans le jouet, certaines entreprises introduisent désormais des modules électroniques, des applications éducatives ou des composants connectés. Cela crée des ponts entre le « made in Alicante » classique et les filières numériques.
- Dans la chaussure, outre le design et la mode, apparaissent des technologies de fabrication plus avancées : impression 3D pour prototypes, automatisation des lignes, matériaux innovants ou écoresponsables.
- Le textile, pour sa part, peut devenir un terrain d’expérimentation pour les textiles techniques (habits intelligents, tissus anti-microbes, usages dans la santé ou le sport), ce qui peut enrichir l’écosystème industriel local.
Ces synergies sont précieuses car elles ouvrent des perspectives d’avenir aux jeunes cadres, techniciens et designers qui souhaitent travailler dans la province d’Alicante. Elles permettent aussi aux entreprises de se positionner mieux dans la chaîne de valeur internationale.
Quelles perspectives d’emploi pour les résidents ou futurs installés ?
Pour les francophones qui résident déjà ou envisagent de s’installer en province d’Alicante, ces évolutions ouvrent plusieurs pistes :
- Il existe une demande croissante de profils qualifiés : ingénieurs de production, techniciens automatisation, designers de produits, spécialistes R&D, logisticiens export.
- Le fait de pouvoir allier industrie traditionnelle + innovation peut séduire des personnes souhaitant un emploi à long terme et non uniquement saisonnier.
- L’attractivité de la province est renforcée par son climat, son coût de vie raisonnable (par rapport à d’autres pôles espagnols), et un environnement industriel moins saturé que les grandes métropoles européennes.
- Pour les personnes intéressées par l’entrepreneuriat, la zone offre un terreau favorable : proximité des clusters (chaussure à Elche-Elda-Villena, jouet à Ibi-Castalla), infrastructures industrielles, et un marché export déjà bien installé.
Quelques entreprises-phares et zones industrielles à connaître
- La zone Elche-Elda-Villena est celle de la chaussure traditionnelle, où siègent plus de 400 marques et où la transformation industrielle est en cours.
- Ibi et Onil sont des centres historiques du jouet, où un savoir-faire est encore présent et où l’innovation se déploie.
- Banyeres de Mariola ou d’autres zones textiles autour d’Alicante montrent que le textile peut encore coexister avec la modernisation industrielle.
Les clés pour tirer parti de cette mutation
Pour que ces transitions soient réellement profitables aux habitants et aux nouveaux arrivants francophones, il faudra :
- Que les acteurs publics et privés investissent réellement dans la formation : du technicien machine-outils aux spécialistes de l’IoT appliqué à l’industrie.
- Que l’internationalisation continue : même si les coûts montent, conquérir de nouveaux marchés, diversifier les destinations d’export (Asie, Amérique latine…) est primordial.
- Que la durabilité et l’innovation deviennent une force : matières recyclées, chaînes de production plus « vertes », produits connectés. Cela peut devenir un argument de différenciation pour les marques alicantines.
- Que le lien entre industrie et territoires d’accueil soit renforcé : attirer des talents étrangers ou francophones nécessite un environnement favorable : logement, qualité de vie, infrastructure numérique, langue, services.
Industrie d’Alicante
La province d’Alicante ne se résume pas au soleil, à la mer et au tourisme. Elle est aussi un terrain industriel avec une histoire riche, et aujourd’hui une transformation profonde. De la chaussure emblématique aux jouets qui peuplent l’enfance, des tissus qui habillaient autrefois à la technologie qui va produire demain : l’enjeu est bien de passer de la tradition à la modernité sans perdre les racines. Pour les résidents francophones, les vacanciers intéressés par une installation durable ou les actifs à la recherche d’emploi, c’est une perspective stimulante : s’installer dans un territoire qui se réinvente, avec une industrie moderne et ouverte. Pensez « Alicante industrielle » : ce n’est plus une surpr ise mais une réalité à découvrir.
Photo illustrative : https://www.valledeelda.com/noticias/social/22934-la-industria-del-calzado-de-petrer-retos-presente-y-futuro.html



